lundi 31 août 2009

Mardi 11 août 2009 : Living the american way of life

Ce matin, le brouillard est déjà là. Ca n’augure rien de bon pour le reste de la journée. Pourtant, aujourd’hui est un grand jour : je vais assister ce soir à mon premier match de baseball, les Giants de San Francisco contre les Dodgers de Los Angeles.

En attendant, je me mets en route pour Downtown, le centre d’affaire - et le centre commercial - de la ville. Sur le chemin, je m’arrête au restaurant de mon oncle. Je tombe sur Vanick qui était venu me chercher à la maison mais ne m’y avait pas trouvée. Ca tombe bien. Je repense en souriant à la magie.

* The Mission*


Vanick veut s’acheter une maison à San Francisco. Ici, il n’y a pas d’immeubles; que des maisons qu’on se partage entre colocataires. Du coup, les pavillons sont gigantesques. Ils peuvent parfois héberger plusieurs familles. Vanick me propose un tour en voiture pour en voir quelques unes. L’occasion de discuter avec lui sur les montagnes russes des rues de San Francisco que je n’aurais jamais pu faire à pied. Je suis parfois au bord du vertige, quand la voiture est presque perpendiculaire à la rue.

Nous nous éloignons un peu du centre. Les quartiers que nous visitons sont très calmes. Nous nous arrêtons sur une colline pour observer la ville qui s’étend à 360° autour de nous. Le ciel est gris, il fait un peu froid. Un véritable été san franciscain parait-il.





Entre deux stops devant des maisons aux façades toujours colorées, nous comparons nos modes de vie de part et d’autre de l’Atlantique. Vanick me fait penser à mon grand frère, parfois, dans sa manière de philosopher sur la vie avec son français devenu un peu hésitant. Il pense que les gens sont plus heureux ici. Je ne suis pas loin de partager son point de vue, mais l’avis d’une touriste fraichement arrivée est rarement objectif. Cela dit, au bout de quelques jours passés ici, je peux déjà sentir à quel point l’atmosphère est moins étouffante ici qu’à Paris. A quel point les gens ont l’air plus détendu. Plus cool.

Pourtant, à cet instant, je ne me vois pas vivre ici. C’est la première fois que je ressens cela lors d’un voyage : je ne me sens pas américaine pour deux sous. Il n’y a pas ici cette authenticité un peu bourrue que j’aime en France. Difficile de préciser plus ce sentiment pour l’instant.

Au cours de notre petite balade, une chose me frappe. Chaque fois que Vanick s’adresse à des gens – qu’il ne connait pas – pour demander des renseignements sur le quartier, il commence invariablement par dire : « Hi, how are you doing ? ». Ca peut paraitre anecdotique… mais à la réflexion, je réalise qu’il ne me viendrait jamais à l’idée de dire cette phrase, pourtant très bateau, à de parfaits inconnus. Il me semble que nous avons plutôt l’habitude d’utiliser ce petit tic de langage uniquement avec des personnes avec qui nous avons une petite connexion, même quelconque. Je comprends évidemment que c’est un automatisme, un truc que tout le monde fait ici sans se soucier de la réponse. Comme en France. Je réalise aussi que des commerçants m’ont accueillie de cette façon ici, et que j’avais été perturbée par cette entrée en matière.

Et soudain, tout s’éclaire ! Et notamment la raison pour laquelle le mec de l’aéroport qui vérifiait mon passeport et prenait mes empreintes digitales m’a regardée de travers lorsque je lui ai raconté tout mon vol après qu’il m’ait demandé « How are you doing ? ». Je le trouvais sympa ; j’étais excitée comme une puce. J’ai vraiment cru que ça l’intéressait, de savoir comme je « doingais ». Je suis presque déçue. Triste désillusion…

Le midi, Vanick m’emmène manger chez Yamo, un minuscule restaurant chinois où la cuisine se fait sous nos yeux, au comptoir où nous sommes installés pour manger. On dirait une petite cantine, d’aspect un peu glauque mais très… familial. Les plats sont délicieux. Je n’oublierai jamais, je crois, la noix de coco fraiche ouverte devant nous à coups de machette. La meilleure de ma vie. La chair est si tendre qu’on la mange à la cuillère. Je suis – littéralement – au bord de l’extase.






Vanick me redépose au restaurant et je reprends ma route vers Downtown. Je grimpe de véritables montagnes citadines à côté des « cable cars » pour atteindre des cimes qui ne ressemblent en rien à ce que j’ai vu de San Francisco jusque là. Downtown est comme un gros champignon posé au milieu d’un champ de maison. La sensation de se retrouver soudain dans une autre ville est plutôt déroutante. Plus je grimpe, plus les bâtiments sont hauts. J’ai quitté des rues aérées pleines de maisons de toutes les couleurs pour me retrouver coincée entre des gratte-ciels gigantesques et des magasins de luxe. Il y a beaucoup trop d’agitation, trop de fourmillement, de touristes, de bus, de buildings – trop de trop. Vertigineux. Je rencontrerai plus tard une touriste française qui a passé deux jours à San Francisco et n’y a vu que ce quartier. Elle repartira avec l’impression que la ville ressemble beaucoup à New York… alors que ça n’a clairement rien à voir. Downtown est une excroissance qui semble s’être construite toute seule. Une sorte de ville autonome, indépendante du « vrai » San Francisco.







* Love in Union Square *



Tout cela est – disons – sociologiquement intéressant mais j’étouffe. Après quelques essais shopping totalement infructueux, je reprends mon bus pour les Pacific Heights. C’est l’heure du baseball.






Le match me réserve bien des surprises. J’arrive avec mon attirail de supportrice, pourvue d’une main en mousse fraichement acquise (merci tonton !) et gonflée à bloc pour soutenir mon équipe. Finalement, je serai sans doute la personne la plus à fond dans le stade. Ici, le match de baseball, c’est un peu la sortie familiale du dimanche – du mardi soir en l’occurrence, mais c’est pareil. On pique nique dans les gradins sans vraiment faire attention à ce qui se passe sur le terrain. Je n’ai même pas remarqué quand le match a commencé, pensant que les joueurs étaient en train de s’échauffer tant le public leur témoignait peu d’intérêt. Il y a bien sûr quelques slogans, du bruit, mais aucune tension, aucun challenge. Les « supporters » ont plutôt tendance à s’entasser dans les boutiques, les attractions, et les stands de nourriture plutôt que de suivre fiévreusement le score.



Même les joueurs ne semblent pas au comble de leur dynamisme. Le baseball est globalement un sport mou. Je verrai même deux joueurs qui ne font rien depuis un moment finir par se lancer la balle entre eux, pour s’occuper.

En tant qu’habituée aux ambiances de stade un peu plus survoltées, je hurle, j’insulte, je secoue ma main en mousse et crie au scandale en voyant tous ces mollusques collés à leur banc. Une personne derrière moi me demande même de m’asseoir alors que je traite un joueur de l’équipe adverse de transsexuel. Mes cousins – eux – se marrent et reprennent du vin.

La fin du match approche et les Giants se font laminer. Et là, le comble : le stade se vide, les « supporters » s’en vont puisque nous avons, de toute façon, perdu. Je parviens à faire rester Vanick et Laurice jusqu’à l’avant dernière manche, pas plus. Levon et Herena, eux, sont partis depuis longtemps. C’est un déchirement d’abandonner mon équipe dans une telle mauvaise passe. Je suis sonnée.

Finalement, tout ça résume bien ce que je ressens depuis mon arrivée ici et que je ne parvenais pas à expliquer : beaucoup de spectacle, très peu d’authenticité. Le règne de « show off ».

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