dimanche 30 août 2009

Lundi 10 août 2009 : Happiness is only real when shared.

8h du matin. Je cours dans l’Alta Plaza Park sur les hauteurs de Pacific Heights avec Kanye West comme coah. Impossible de dormir plus longtemps, le décalage horaire me rend matinale. J’ai l’occasion d’avoir un panorama superbe sur (presque) toute la ville et son brouillard.

Le midi, nous retournons au Golden Gate Park avec Laurice, direction le Japanese Tea Garden. Impression de familiarité. Le jardin est tout petit mais incroyablement zen. Harmonie maximale parmi les bonzaïs, les cascades, et les ruisseaux à traverser en sautant de pierre en pierre ; régal des échanges de fi-filles autour du thé vert et des « fortune cookies ». La journée est douce, calme. Je commence à m’habituer doucement à la vitesse de croisière.






Laurice doit partir travailler. Je reste un moment dans le jardin botanique à errer à l’instinct, passant d’une région du monde à une autre et expérimentant différentes piqûres de moustique, peut-être différents eux aussi selon les parcelles…. Je m’arrête longtemps dans les « rain forests » luxuriantes. J’ai l’impression d’y être cachée, camouflée dans une petite niche fraiche. La nostalgie est à deux doigts de repointer son nez.





Savoir être seul, c’est bien, sans doute très bien même. Mais la conclusion du film Into the wild me hante depuis un moment. Encore plus en remontant la longue route qui doit m’emmener à l’observatoire du parc: «Happiness is only real when shared». Encore absorbée par cette réflexion, je tombe sur un groupe de musiciens installés sur des marches à l’entrée d’un tunnel. Groupe pour le moins hétérogène : il y a quelques vieux hippies barbus qui jouent des percussions, un saxophoniste en smoking et une fille en sandale qui ne maitrise apparemment pas bien ses maracas à côté d’un jeune popeux à slim et cheveux longs. Je les regarde un moment puis les rejoins. Ils me prêtent un ukulélé, un xylophone et leur pipe à haschich. Des gens s’arrêtent, nous regardent, applaudissent. Une femme déguisée en grenouille danse pour nous. Je ne sais jouer aucun des deux instruments. Pas grave, je crois que tout le monde s’en fiche. Je joue au feeling. C’est probablement inaudible, mais c’est incroyablement libérateur.

* Groupe d'un jour *


* La femme grenouille *

Une heure et demie plus tard, le concert s’achève. Je fais un bout de chemin avec Steven, le jeune popeux, qui m’explique qu’aucune – ou presque- des personnes présentes ne se connaissaient. Il savait que des gens venaient souvent ici pour jouer ; il est venu avec sa guitare. C’est tout. Je me demande si une chose pareille pourrait arriver ailleurs qu’ici. Est-ce parce que je suis une touriste que je tombe sur ce genre d’évènements ? Parce que je suis en vacances ? Ou parce que je suis à San Francisco ? C’était – en tout cas – un moment magique ; un partage gratuit entre des personnes qui se sont à peine adressées un mot. Qui sont simplement arrivées là, pour jouer, et sont reparties en ce remerciant mutuellement pour ce « great gig ». Je suis heureuse d’avoir fait partie d’un truc comme ça.

* Steven *

Je poursuis ma route avec Steven. Il travaillait jusque récemment dans une ferme bio. Mais son truc à lui, c’est la musique. Il enregistre seul dans son studio maison des airs planants et un peu mélancoliques (http://www.myspace.com/weplanonsleeping). Il a aussi créé un film de trois minutes en « still pictures » ; ça lui a pris trois mois. Je regarde le film, le soir. Je le trouve très beau.

Nous marchons longtemps. Après nous être perdus plusieurs fois et avoir débattu sur la question du talent artistique – un don ou un travail ?- nous nous séparons devant un stand de churros.

Deux minutes plus tard, je lui cours après dans la rue pour récupérer son adresse mail. Une impulsion. L’envie de ne pas regretter plus que de le revoir. Parce que la solitude, c’est bien, mais malgré tout : « Happines is only real when shared ».

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire